Faire ses courses dans les rebuts des supermarchés : la tendance se confirme et grandit avec la crise.
Dans la capitale catalane, un réseau de solidarité s’est constitué entre les glaneurs en tout genre. Réparateurs d’ascenseurs, retraités, éducateurs de jeunes enfants, immigrés au chômage en fin de droits, jeunes invoquant des motifs éthiques, ménagères d’une cinquantaine d’années cherchant de quoi oxygéner une économie familiale exsangue… Tous se retrouvent devant les poubelles. Soir après soir, en quête de nourriture, ils attendent ensemble la fermeture des supermarchés. Ils sont plus nombreux qu’il y a deux ans, plus que l’an dernier.
La plupart d’entre eux cherchent un peu honteusement une part de leur subsistance, poussés par la nécessité, parmi des alcooliques et des mendiants qui n’ont déjà plus aucun espoir. Ils ne veulent pas finir comme ces derniers et se sont tissé un réseau de solidarité. Ce qu’ils trouvent est à tous et, quand les choses tournent mal, ils disparaissent.
Reportage CourrierInternational.
Le glanage existe aussi en France et, de même qu’en Espagne, s’accroît à mesure que les difficultés économiques touchent des populations plus larges. Récupérer les restes ou les déchets est néanmoins une pratique très ancienne. Ainsi, une loi de 1550 donnaitelle aux indigents, handicapés ou personnes âgées le «droit d’usage sur la production agricole, réservé aux plus pauvres et aux nécessiteux». A l’époque, il s’agissait de ramasser les épis ou les pommes de terre oubliés dans les champs.
En 1999, la réalisatrice Agnès Varda a dressé le portrait de ces glaneurs de la ville comme de la campagne dans un documentaire intitulé Les glaneurs et la glaneuse.
Enfin, glaner est désormais aussi un acte militant, qui a donné naissance, aux Etats-Unis, au mouvement Freegan (en France, www.freegan.fr). Les freegans se nourrissent dans les poubelles en signe de rébellion contre une société qu’ils estiment pervertie par l’argent.